Autrefois, dans les religions païennes, pour obtenir les faveurs des dieux, ont opérait des sacrifices. On payait par le sang, la mort et la souffrance d’une victime, animale ou humaine, la faveur des dieux, des esprits, qui croyait on, représentaient les puissances naturelles dans le chamanisme, ou les dirigeaient, les possédaient en apanage dans le paganisme polythéiste.
Donc par la parole, par la prononciation correcte de mots sacrés, en en payant d’un sacrifice, on pouvait espérer acheter, donc asservir les dieux, les démons, et par eux la nature. Ce sont des actes cruels, qui légitiment la cruauté.
Par le rituel, surtout s’il est obscure, caché et connu seulement des initiés, et au prix de la souffrance et la mort de la victime, on pouvait espérer contrôler la réalité, commander aux faits par la parole.
C’est la pensée magique.
Elle est fondamentalement infantile, immature, et parfois dangereuse.
Dangereuse parce qu’elle ne permet pas une analyse sérieuse de la réalité, permet d’utiliser des solutions inadaptées.
Elle est dangereuse parce qu’elle valorise la mort et la souffrance des victimes animales ou humaines. Elle va donc contre la solidarité et la charité en favorisant la psychologie du bouc émissaire, mais aussi la jalousie et la concurrence, ainsi que le mimétisme tels que l’a décrit le philosophe René Girard. Je veux avoir comme mon voisin, autan que lui, mais en même temps, celui ou celle qui est différent, porteur de particularisme me remet en question. Il me montre ma nature limitée, donc fragile et mortelle. Certainement si les choses vont mal c’est parce qu’il a offensé les dieux ou les esprits par sa différence. Ou simplement, il m’offense moi.
Il faut donc l’éliminer pour satisfaire les dieux.
Spirituellement, l’esprit magique est dangereux pour deux raisons.
Les prêtres exorcistes ont écrit quelques livres ou pages web explicites sur ce sujet. Leurs affirmations viennent de leur expérience. Ce sont très majoritairement des hommes cultivés et équilibrées qui évitent de mettre le Diable partout, sauf dans les cas ou toute autre explication ne serait qu’un échappatoire. Leurs observations et leurs avertissements sont crédibles. Ce danger est actuellement surtout présent dans les mouvances new-age, ou les personnes subissant leur influence, sans toujours s’en rendre compte, la déchristianisation aidant.
Un exemple actuel serait de ne pas respecter les mesures de lutte contre la pandémie du covid19.
Nous pourrions nous affranchir de toute précaution, nous réunir à plusieurs centaines ou plusieurs milliers dans une cathédrale pour fêter la messe de Pâques, communier sous les deux espèces, nous embrasser et faire la bise pour le geste de paix de la messe, partager ensuite un banquet, etc.. en disant :
"Dieu nous protégera. Dieu y pourvoira."
Il arrive que la Providence aide, permettent à une congrégation, à une œuvre de charité de recevoir à temps l’aide matériel nécessaire à sa mission, mais pas sans que les acteurs de cette mission, religieux ou laïcs n’aient fait tout leur possible pour accomplir la dite œuvre par leurs moyens humains, d’adultes responsables et conséquents. Être chrétien, ce n’est pas être paresseux et demander à Dieu de résoudre nos difficultés à notre place.
Nous avons été crées fragiles, faibles, mortels. Si nous étions invulnérables et immortels, l’Amour entre prochain, la charité, la solidarité, n’auraient simplement pas de sens. Nous n’aurions aucun besoin des autres. C’est d’ailleurs une des illusions que le monde moderne nous vendait il n’y a pas si longtemps, avant la pandémie.
Demander à Dieu ne nous affranchir de notre fragilité, de notre mortalité, pour pouvoir aller contre les lois de la nature, pour notre convenance, ou même de bons prétextes, c’est vouloir asservir Dieu, par le rituel, et éventuellement le sacrifice.
Dieu est libre, et nous veut libres, pas irresponsables et stupides.
« La vérité nous rendra libre », dit l’Évangile (Saint Jean chap. 3)
Cette liberté du chrétien adulte, n’est donc pas une toute puissance à la Superman. Dieu ne travaille pas chez DC Comics. La liberté du chrétien adulte est construite sur l’observation des lois de la réalité, et l’esprit de conséquence et de responsabilité.
Le chrétien sait que son avenir immédiat ou lointain dépend de ses choix, et non de la position des astres, du vol des oiseaux, ou de cartes tirées au sort. Le chrétien est incroyant en matière de destin. qui est une notion différente de la Vocation que nous pouvons recevoir du Créateur, ou refuser.
Les païens se croyaient soumis au Destin et pensaient que leurs Dieux eux-même y étaient soumis. Un Dieu libre qui veut des humains libres est une rupture de pensée, de vision du Monde (Weltanschaung). Elle est incompatible, antagoniste à la possibilité de contraindre Dieu, de le mettre à notre service pour nous affranchir de la réalité.
La Pâques chrétienne est la suite des événements fondateurs du christianisme : l’institution de l’Eucharistie, la mort et la résurrection du Christ.
Par son sacrifice, Jésus, vrai Homme et vrai Dieu a rendu ridicules, obsolètes tout les autres sacrifices.
On pourra tordre le cou à toutes les colombes, égorger tout les bœufs, éventrer tout ses ennemis et présenter leur cœur palpitant au soleil comme les anciens païens, que cela ne vaudra pas, heureusement, la force du sacrifice volontaire du fils de Dieu lui même. Ceci d’autant plus que ce sacrifice ultime est dans le prolongement de son enseignement, où il explique que donner au temple ne vaut pas grand-chose en face de la simple mais difficile conversion du cœur.
Son sacrifice est suivi par la Résurrection, qui lui donne sens, et établie que la souffrance n’est pas une monnaie pour acheter un Dieu qui aime la vie et qui veut que nous l’ayons pleinement.
Nous pouvons offrir nos souffrance quand nous ne pouvons les éviter. c’est un don, c’est gratuit et libre, pas un marchandage. Mais se faire souffrir, ou faire souffrir un être vivant pour contraindre Dieu n’a pas de sens.
L’Eucharistie célébrée par un prêtre chrétien prolonge l’Eucharistie du jeudi saint. Elle ne la remplace pas, elle l’accomplie.
Durant l’Eucharistie, pas de violence, pas de sang versé, de vie détruite, de capture de victimes, de souffrance et de mort, mais le partage, symbole de fraternité et de charité, de produits de la terre et du travail des humains, donc issus de la nature, de la Création, et de l’intelligence humaine devant cette création.
Sans l’intelligence du vigneron, du cultivateur, du meunier, du boulanger, qui utilisent les Loi de la nature, pas de vin, ni de pain.
Puisque le sacrifice païen, le paiement par la mort et le sang, sont inutiles et vains devant le Dieu créateur, il ne nous reste plus qu’à abandonner l’esprit magique, et à regarder la réalité en face, à étudier la nature telle qu’elle est, et non comme nous voudrions qu’elle soit.
Accepter et connaître la vérité devient notre meilleur allié pour améliorer légitimement notre vie.
C’est la racine pivot de l’esprit scientifique.
L’Humain étant porté par sa faiblesse à l’esprit magique, cet esprit scientifique a mis du temps à émerger. Si déjà au moyen-âge bien des penseurs universitaires, donc clercs, prônaient la méthode expérimentale, la validation par l’observation des faits, sans que cela gêne l’Église1 de ce temps, encore de nos jours, bien des superstitions, mais aussi des dogmatismes, y compris dans les mondes scientifiques et médicaux, nous font obstacles.
Non seulement l’Eucharistie valorise le travail pacifique et le partage, en opposition aux actes des conquérants sanguinaires, mais le sacrifice et la résurrection du fils de Dieu nous libère de la pensée magique et nous oriente vers une pensée plus adulte, à la base de l’aventure scientifique occidentale.